b) … sans solution scientifiquement valable


        Les humains sont très différents en surface, aussi a-t-on cherché à les classer selon des critères arbitraires, tels que la couleur de peau ou le groupe sanguin.

 

             La couleur de peau peut, en général, être mesurée dans son état naturel, au moins sur des parties habituellement cachées du corps des sujets. On la décrit trop souvent encore en terme de « noirs », de « jaunes », de « blancs » ou même de « rouges », en souvenir des Amérindiens qui se peignaient le corps d’une teinture rouge. En fait, ces classifications ne veulent rien dire : les choses sont à la fois, plus simples et plus compliquées. Plus simples, parce que les couleurs de peau variées sont dues à un seul pigment brun, la mélanine, fabriqué par des cellules appelées mélanocytes, sous le contrôle des gènes ; le nombre moyen de mélanocyte par surface de peau est le même chez tous les humains, quelle que soit leur couleur.

La mélanine, elle, est produite en quantité variable, et agglomérée en amas de grains plus ou moins serrés dans les couches profondes de l’épiderme. Suivant sa concentration, ce pigment fonce plus ou moins notre épiderme. Les « jaunes » sont de ce point de vue des intermédiaires entre « noirs » et « blancs », comme les diverses catégories de bronzés et mulâtres. Il n’y a pas de pigment jaune variable entre populations humaines et le seul rouge de peau naturel est celui du sang, vu par transparence à travers les peaux claires, surtout au froid, au chaud, ou après une forte consommation d’alcool. Parallèlement, la quantité et l'intensité des rayons solaires influent sur notre corps qui, pour se protéger, produit plus ou moins de mélanine : c'est le phénomène de bronzage.

Les choses sont aussi plus compliquées parce que les couleurs de peau varient énormément entre individus d’une même population, surtout dans les populations à peau plus ou moins foncée. Il n’y a donc pas des catégories distinctes de couleurs de peau, qui permettent un classement fini des individus, mais une variation qui va, de manière continue, des individus les plus foncés des populations à peau foncée, aux individus les plus clairs des populations à peau claire. Entre ces extrêmes, les autres individus et les autres populations forment une gamme de couleur ininterrompue.

          Nous savons que tous les êtres humains se répartissent en groupes sanguins. Découvert en 1900 par le biologiste Karl Landsteiner, le système ABO permet de classer les différents groupes sanguins selon la présence ou non d’antigènes A ou B à la surface des globules rouges, et la présence ou non d'anticorps anti-A ou anti-B dans le sérum.

On distingue alors quatre groupes sanguins : A, B, AB et O.

Le système rhésus, qui permet d’expliquer certains problèmes indépendants du système ABO, a été découvert en 1940 par Landsteiner et Wiener. Il permet de classer les quatre groupes sanguins selon la présence ou non d’antigène D à la surface des globules rouges ; on distingue couramment les individus rh- qui ne portent pas l'antigène D sur la surface de leurs hématies et les individus Rh+, qui présentent l'antigène D.

Ainsi, les individus sont répartis en groupes sanguins A, B, AB et O, de rhésus positif ou négatif.

Si l’on étudie la distribution des groupes sanguins au sein des diverses populations, on constate que dans tout peuple, on trouve côte à côte des individus de caractères anthropologiques très voisins, qui appartiennent pourtant à des groupes sanguins différents. Aucun indice physique visible d’un individu ne permet de prédire son groupe sanguin et la connaissance du groupe sanguin d’un individu ne permet pas de deviner à quoi il ressemble.

Classer les individus selon leur couleur de peau reviendrait à désordonner leurs groupes sanguins, et de même, classer les individus selon leur groupe sanguin reviendrait à les désordonner du point de vue de leur couleur de peau.

 

            La notion de « race » se base sur une notion de gènes communs et exclusifs à un groupe d’individus. Aussi, lors des premières études sur la diversité cachée des êtres humains, les chercheurs s’attendaient à trouver les gènes des « noirs » différents de ceux des « jaunes » ou des « blancs ». Cependant, leurs travaux n’ont cessé de démontrer que les gènes n’ont pas de couleur, et que des milliers de gènes différents se retrouvent, plus ou moins fréquents, dans toutes les populations du monde. Celui qui est rare ici, sera plus fréquent là, et encore plus ailleurs. On n’a jamais trouvé de gène qui soit présent chez tous les individus d’une population, et absent de toutes les autres. De tels vrais « marqueurs génétiques » qui permettraient de déterminer, à coup sur, l’origine d’un individu d’après une analyse ne sont pas connus à ce jour.

Bien sûr, il est très facile de constituer des systèmes de « races » en donnant de l’importance à certains caractères et en oubliant les autres, mais les multiples tentatives en ce sens montrent que la diversité humaine est telle que l’on obtient ainsi des classifications très différentes selon les gènes qu’on utilise pour les faire. 


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