1) Classer les êtres humains ...


a) …un problème de tous temps

 

Les Égyptiens sont sans doute à l’origine de la première classification connue de groupes humains, fondée leurs caractères physiques apparents : les Rot ou Égyptiens, peints en rouge, les Namou, jaunes avec un nez aquilin, les Nashu, noirs avec des cheveux crépus, les Tamahou, blonds aux yeux bleus. Cette répartition ne s’appliquait cependant qu’aux populations voisines de l’Egypte.

L'Ancien Testament, quant à lui, divisait les hommes en fils de Cham, fils de Sem et fils de Japhet. Mais là aussi, il ne s’agissait que des peuples que connaissaient les Juifs.

C'est cependant à ces trois catégories que pendant le Moyen Age, on s'efforça de ramener tous les hommes dont les voyageurs signalaient l’existence à la surface de la Terre.

Chez les Grecs de l'Antiquité, les divisions entre les peuples existaient, mais n’étaient pas fondées sur des critères biologiques absolus. Ainsi, ce qui faisait la différence entre un Grec et un Barbare n'est pas son origine, mais sa connaissance de la langue et de la culture grecques.

La volonté de répartir et classifier l’espèce humaine en races n’est donc pas récente.

C’est en 1684 que le médecin français François Bernier fut le premier à imaginer une classification de l’humanité dans son entier, en quatre races d’hommes – noire, rouge, jaune, blanche – basée sur la géographie : à chaque continent son type d’homme.

Au XVIIIe siècle, Carl Von Linné, naturaliste suédois, proposa dans Systema Natura (1735) quatre variétés d’Homo sapiens, leur attribuant des caractéristiques peu scientifiques, basées sur l’aspect

physique et les traits de caractère :

- les Americanus : rouges, colériques et droits 
- les Europeus : blancs, sanguins et musculaires
- les Asiaticus : jaunes pâle, mélancoliques et rigides
- les Afer : noirs, flegmatiques et décontractés  

En 1775, le biologiste Johann Friedrich Blumenbach suggère, en s'appuyant sur la théorie de Linné, une nouvelle classification de l’espèce humaine dans De generis humani varietate nativa (1775). Il défend la théorie selon laquelle tous les hommes proviennent d'une souche unique, et ne sont différents qu'en vertu de modifications climatiques progressives et réversibles ; cependant, sous l'influence d'Emmanuel Kant, Blumenbach révise ses positions et admet que certaines différenciations du phénotype pourraient être irréversibles. En 1795, il adopte définitivement la classification suivante :

- la variété caucasienne à peau pâle (l'Europe)

- la variété mongole (Chine et Japon)

- le variété éthiopienne à peau sombre (Afrique)

- la variété américaine

- la variété malaise (Polynésiens, Aborigènes...)

S’il revendique que tous les types d’hommes appartiennent à une seule et même espèce, Blumenbach introduit une nouveauté : il établi une hiérarchie. Il place la variété caucasienne à l'origine des autres selon un critère très personnel : c’est pour lui le peuple le plus beau. Il considère les autres variétés comme une dégénérescence par rapport à cette population originelle. De même, le naturaliste Georges Buffon (1749-1788) présente une distribution des êtres humains le long d'une échelle dont le degré supérieur est occupé par l'homme européen. Le milieu, l'environnement, serait la cause de cette supériorité, et non sa nature spécifique.

Toutes ces tentatives de classification élaborées au fil du temps vont marquer les époques et notre façon de voir le monde ; nous en héritons et elles font partie de notre histoire. Cependant, la science nous prouve aujourd’hui que l’espèce humaine est une espèce à part, qui n’admet pas sous catégories valables. 

Enseignement du racisme au XIXe siècle, en France

En 1885, dans son ouvrage Histoire Naturelle, destiné à l'enseignement secondaire, J. Langlebert distingue 4 races:

· blanche ou caucasique, cette race est « remarquable par la puissance de son intelligence, c'est à elle qu'appartient les peuples qui ont atteint le plus haut degré de civilisation »

· jaune ou mongolique,

· noire ou africaine,

· rouge ou américaine.

La terminologie des descriptions laisse supposer un jugement de valeur. « L'angle faciale ne dépasse guère 70 à 75° » chez les Noirs.

Carl Von Linné, Systema Natura (1735)

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