d) La lutte pour l’égalité

En 1954, la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) remporte une grande victoire devant la Cour suprême, puisqu’elle déclare que la ségrégation scolaire va à l’encontre de la Constitution (arrêt Brown v. Topeka Board of Education). Elle donne tort à ceux qui justifient la ségrégation scolaire au nom de l'axiome «séparés mais égaux». La communauté noire accueille cette décision comme une grande victoire dans son combat pour l'égalité des droits. Mais l’injonction juridique n’est pas respectée dans les Etats du sud. En 1957, le gouverneur de l’Arkansas, Faubus, mobilise la garde républicaine afin d’empêcher l’inscription de jeunes noirs dans l’école de Little Rock.


Manifestation de la NAACP

Les mouvements de contestation se multiplient : le 1er décembre 1955, dans un bus de Montgomery (Alabama), Rosa Parks, une femme noire de 42 ans, refuse de céder sa place à un blanc comme c'est la règle. Rosa Parks est alors arrêtée par la police et condamnée à payer une amende de 15 dollars. Une campagne de boycott contre la compagnie de bus est lancée, avec à sa tête un jeune pasteur noir, Martin Luther King[1]. Cet évènement est l'élément déclencheur qui le conduira lutter pacifiquement contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. L'affaire prendra une telle ampleur qu’en décembre 1954, la cour constitutionnelle du pays déclarera la ségrégation dans les autocars anticonstitutionnelle. Fort de cette victoire au retentissement national, Luther King participe avec une dizaine de personnalités noires du sud des Etats-Unis à la fondation d’une organisation nationale : le SCLC (Southern Christian Leadership Conference). Elu à la présidence, il décide d’étendre à l’ensemble du pays sa lutte non-violente pour les droits civiques des noirs. Luther King, en admirateur de Gandhi, revendique l’influence de l’Indien sur sa pensée et voyage en 1958 sur ses traces où il rencontre Nehru. Par ailleurs, les actions se multiplient dans les Etats-Unis : mouvement étudiant en 1960, campagne de Birmingham en 1963…

Rosa Parks s'asseyant à l'avant d'un bus après la victoire.

Malcolm X et Martin Luther King

Martin Luther King au pupitre, Rosa Parks au premier rang.

Le système de ségrégation agonise à partir du début des années 1960 sous la présidence de John Fitzeral Kennedy, assassiné en 1963, et surtout avec son successeur Lyndon Johnson, dont la grande loi sur les droits civiques de 1964 (Civils Rights), interdit toute forme de discrimination et de ségrégation dans les lieux publics. C’est de l’Affirmative action (discrimination positive), politique volontariste d’intégration des noirs dans tous les secteurs de la vie professionnelle, avec la mise en place de quotas. Le système pervers et destructeur de la ségrégation est moribond, mais pas les discriminations ni les violences ni les manifestations de protestation. Le 17 octobre 1968, les athlètes américains, Tommie Smith et John Carlos, arrivés premier et troisième au 200 mètres aux Jeux Olympiques de Mexico, protestent contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis en levant leur poing ganté de noir lors de la remise des médailles. Ce signe est aussi la marque de leur soutien au mouvement politique noir-américain, les Black Panthers. Les champions devront lourdement payer ce geste retransmis par les télévisions du monde entier. Ils seront suspendus et expulsés des Jeux par le Comité Olympique.

 Les athlètes américains, Tommie Smith et John Carlos, arrivés premier et troisième au 200 mètres aux Jeux Olympiques de Mexico, protestent contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis en levant leur poing ganté de noir lors de la remise des médailles.

De nombreuses émeutes continuent à ensanglanter les ghettos des grandes métropoles américaines. A la suite des actions racistes des blancs du sud ou des traitements humiliants subis lors des heurts avec la police, et après l’assassinat de personnalités comme Martin Luther King en 1968, on assiste aussi à une radicalisation progressive des organisations noires. La Southern Christian Leadership Conference est rapidement dépassée par des 

mouvements qui revendiquent l’usage de la violence, incitent les noirs au séparatisme et souhaitent l’instauration d’un « Black power ». Des idées plus radicales et plus violentes – avec Malcolm X, leader Noir américain - gagnent du terrain. Elles contribueront à faire changer les mœurs, comme les lois ont aboli la ségrégation officielle.


 

 Répression violente des manifestations pacifiques.

Si l'égalité des droits est aujourd'hui formellement acquise, les différences sociales marginalisent dans d'immenses ghettos les groupes ethniques pauvres. L'Amérique du Nord voit se développer dans un climat croissant de violence urbaine une juxtaposition de communautés ethniques. À la revendication des droits civiques succède désormais une rétraction défensive et communautariste qui menace la cohésion de la société américaine. Un mouvement comme celui de Lewis Farakhan, Nation of Islam, loin de prôner l'intégration, milite pour une identité noire inscrite dans l'Islam et violemment teintée d'antisémitisme. En 1988, le pasteur noir Jesse Jackson est candidat à la présidence des États-Unis. Pour la première fois, la « deuxième Amérique » s'affirme au plus haut niveau du débat américain. Est posée la question du devenir des descendants des trois millions d'Africains déportés depuis leur terre d'origine en trois siècles et qui ont contribué à la richesse et la puissance des États-Unis par leur travail forcé.


Biographie de Martin Luther King (commentaire)



Le point d'orgue du combat de Martin Luther King est son illustre discours du 28 août 1963 « I have a dream », où il manifeste sa volonté et son espoir de connaître une Amérique fraternelle. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Martin Luther King (1929 – 1968)

Militant non-violent pour les droits civiques des noirs, Martin Luther King a joué un rôle majeur pour l’émancipation des Afro-américains et la prise de conscience de l’injustice de la ségrégation aux Etats-Unis. « I have a Dream », titre de son discours appelant à la fraternité entre noirs et blancs, est devenu un véritable hymne à la solidarité et à l’espoir d’entente entre toutes les communautés.