b) Le Ku Klux Klan, l’oppression illégale et clandestine

Le mot "Ku Klux Klan" vient du grec kuklos, qui signifie cercle. C’est sous ce nom que fut fondée une organisation raciste, en 1665, à l’initiative de six anciens officiers de l'armée des Etats confédérés. Convaincus de l'infériorité innée des Noirs, ils ne peuvent accepter que d'anciens esclaves accèdent à l'égalité civique et à des fonctions politiques. Ils veulent " nettoyer " les Etats-Unis d’Amérique des afro-américains, des juifs, et de tous ceux qui empêchent leur pays d’être une "Amérique blanche et protestante". Chargé d'administrer l'« Empire Invisible », composé des Etats du Sud, le Ku Klux Klan se dote d'une structure fantasmagorique : à sa tête, un « Grand Sorcier de l’Empire », assisté de dix « Génies ». Les autres dirigeants du Klan portent des noms tout aussi extravagants : on trouve le « Grand Dragon du Royaume », assisté de huit « Hydres », le « Grand Titan du Dominion », assisté de six « Furies », et le « Grand Cyclope de la Caverne », assisté de deux « Engoulevents ». Tous revêtent de longues cagoules blanches, destinées à effrayer. Leurs chevaux sont déguisés à leur image. Le Ku Klux Klan fait régner la terreur par les raids nocturnes de ses cavaliers blancs contre la population noire. Ils veulent faire croire à ces derniers, alors dénués d'instruction et enclins à la superstition, qu'ils sont les fantômes des soldats confédérés morts au combat venus se venger. En 1868, en Arkansas, on compte quelque deux cents meurtres entre août et novembre. La loi martiale est alors décrétée, et la lutte contre le Klan déclenchée en Arkansas, puis dans les états voisins. Le Klan est officiellement démantelé en 1869, et pratiquement éliminé en 1873.

Manifestations et lynchages organisés par le KKK en 1920 dans le Minnesota

En 1915, l’adaptation au cinéma du livre The Clansman (L'Homme du Clan) de Thomas Dixon, marque la renaissance du Ku Klux Klan. Elle est l’œuvre de William Joseph Simmons, ancien pasteur. Ce dernier se sert de la popularité du film et de son parti pris pour le Klan et les sudistes pour réunir quelques personnes et relancer l’organisation. Le renouveau que connaît le Klan est fulgurant. En 1920, W. J. Simmons annonce 4 millions d'adeptes. Le succès du Klan est consacré par des élections, au niveau local. Ses membres continuent de pourchasser les Noirs, les immigrants, les Juifs et tous ceux qui les côtoient et qui les aident. Certains sont marqués au fer des trois lettres du Ku Klux Klan, d'autres sont badigeonnés de goudron bouillant puis couverts de plumes tels des poulets et les campagnes de lynchage aux branches des arbres se poursuivent. Le FBI, nouvellement créé, s'attaque à l'organisation. En 1944, face à un arriéré d'impôts de 685 000 dollars, le Klan préfère se dissoudre officiellement.

Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses personnes tenteront de faire renaître une troisième fois le Ku Klux Klan, mais rien n'y fera. La décision de la Cour Suprême sur la politique d'intégration des populations noires en 1954 marque un regain d'activité de certains groupuscules du Klan, qui ne reculent pas devant les méthodes terroristes pour parvenir à ses fins. Les attentats à l'explosif contre les écoles et les églises se multiplient. Mais le Ku Klux Klan, tel qu'il était auparavant, n'existe plus. 

Au XXIe siècle, le Klan est surtout une nébuleuse d'organisations plus ou moins formelles et structurées, légales ou clandestines, souvent rivales entre elles. Bien qu’il demeure un symbole fort, le Ku Klux Klan n'en est pas moins concurrencé aujourd'hui par des organisations à l'image moins archaïque, comme les groupes néonazis, plus ouvertement révolutionnaires, ou les milices privées d'autodéfense, plus communautaires.

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