3)… qui donne lieu à une grande diversité

 a) Les migrations et le métissage ont influencé notre patrimoine génétique …

Pendant les glaciations les plus fortes, il y a soixante mille, quarante mille, et vingt mille ans par exemple, la plus grande partie de l’Europe du Nord, de l’Asie et de l’Amérique était couverte de glace et les chasseurs de la préhistoire ne pouvaient vivre qu’à la périphérie de ce monde glacé. Aux mêmes époques, le Sahara et certains grands autres déserts étaient beaucoup plus étendus qu’aujourd’hui, rendant toute vie humaine impossible. Pendant ces périodes glaciaires, nos ancêtres ont dû se réfugier dans des espaces plus hospitaliers ; cependant, lorsque ces périodes prenaient fin, le Nord et le Sud des grands continents redevenaient habitables, les déserts aussi, et le Sahara lui-même pouvait se transformer en prairies prospères, comme ce fut le cas il y a neuf mille ans. Il est donc difficile de supposer que nos ancêtres n’ont pas bougé depuis leur première installation sur les différents continents. Les changements de climat et la nécessité de suivre les gibiers et les plantes dont ils se nourrissaient les ont certainement contraints à de longs déplacements, dans la plupart des régions du globe.

La population d’origine s’est donc divisée, du fait du départ de groupes de migrants dans de multiples directions, tout autour de la terre. Ces migrants n’ont, chaque fois, emporté qu’une partie des variantes des gènes de la population d’origine. Plus ils se sont déplacés et plus ils sont restés isolés longtemps, plus leur diversité génétique s’est appauvrie. C’est ainsi qu’on explique que les populations de la préhistoire se sont différenciées, c'est-à-dire que la fréquence des gènes est devenue différente d’une population à l’autre, pendant la colonisation du monde. Partant d’une population d’origine, ce sont des échantillons partiels et différents de cette population qui sont arrivés aux quatre coins de la planète.

 

Mais le propre de l’être humain, par opposition à l’animal, est de pouvoir se métisser sans restrictions. Les populations se sont, au travers des contacts établis entre elles, mises à échanger leurs migrants. L’évolution perpétuelle des conditions environnementales a, de ce fait, favorisé les possibilités de contact entre nos divers ancêtres, si bien qu’aucune population n’est restée isolée plus de vingt mille ans. Or, les travaux des généticiens nous apprennent que très peu de migrations suffisent sur une longue durée pour rapprocher de façon significative les patrimoines génétiques des peuples. Il est important de rappeler aussi que l’invention de l’agriculture et les progrès techniques ont amené une augmentation importante et rapide des effectifs humains, ceci entraînant par conséquent une multiplication des échanges et du mixage des différences génétiques. La population humaine porte donc génétiquement la trace de 100 000 ans de l’histoire de l’espèce.

 

b) … tout comme notre environnement influence nos caractères physiques 

 

Pour autant, un certain nombre de ses caractères visibles ont évolués, et continuent à évoluer, en particulier selon les nécessités de l’adaptation à l’environnement. Ces caractères apparents varient tous de manière continue et ont pu changer très vite, au cours des dernières dizaines de millénaires, en fonction du lieu d’habitation de nos derniers ancêtres. En conséquence, on peut retrouver des caractéristiques semblables dans des populations très éloignées, et sans contact les unes avec les autres. De fait, deux populations vivant dans le même type d’environnement, mais séparées depuis très longtemps, peuvent avoir acquis de grandes ressemblances physiques, tout en étant génétiquement et historiquement très différentes. C’est le cas par exemple des populations d’Afrique centrale et de Papouasie. Ce sont des hommes et des femmes de taille moyenne ou petite, à peau foncée ou très foncée, aux cheveux crépus. Il faut bien les connaître pour les distinguer, au premier coup d’œil, sans l’aide de quelques détails vestimentaires ou de parure. Pourtant, leurs ancêtres sont certainement séparés depuis plus de soixante mille ans, leurs patrimoines génétiques sont parmi les plus dissemblables au monde, et les Papous ressemblent plus, génétiquement, aux Vietnamiens ou aux Chinois qu’à des Africains. Des caractères comme la taille, la couleur de peau, les proportions de la silhouette et bien d’autres encore sont donc des modifications liées à l’environnement dans lequel les ancêtres de homme actuel évoluaient. La couleur de la peau par exemple, est une adaptation due à la sélection naturelle, selon la théorie avancée par Darwin - qui permet d'expliquer comment l'environnement influe sur l'évolution de populations en sélectionnant les individus les plus adaptés -, et non à un bronzage qui se serait fixé de manière durable dans certaines populations. En zones ensoleillées les individus à la peau claire ont plus de risque de développer un cancer de la peau à cause des rayons UV et sont donc désavantagés car leur espérance de vie est moindre, tandis que les individus à peau foncée sont protégés des cancers dus aux rayons UV, et de ce fait avantagés. Ainsi, les populations ont la peau foncée lorsqu’elles sont originaires de la zone intertropicale, sujette à un fort ensoleillement, et claire lorsqu’elles viennent des régions froides de l’hémisphère nord, comme de l’hémisphère sud, plus épargnées. La couleur de la peau est donc un caractère adapté à un facteur de l'environnement, la lumière du soleil.



Exposition des régions du monde au soleil 

Répartition mondiale des couleurs de peau

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